OSHUN
Je m’exprime. Je gagne en confiance. En fluidité. Je découvre. J’ose. Je m’émerveille. J’apprends. J’expérimente. Je joue. Je me surprends à me sentir à l’aise. Olodumare était plus qu’intimidant. Il m’a donné du fil à retordre. Je me dis maintenant, qu’est-ce qui pourrait être plus difficile à aborder que la source en personne ?
Je sais très bien que dans le domaine de la pratique et de l’art, la sécurité n’existe pas. Je souris de l’intérieur à l’idée d’un état dans lequel tout serait facile. Une sorte de ligne d’arrivée où tout n’est plus que confort et félicité permanente. Je souris de ma naïveté lorsque je pensais qu’un tel état existait.
Je me suis ouvert. J’ai rompu la carapace du mutisme. J’ai fait face à de solides mécanismes de censure et de protection pour dévoiler mes secrets. Mes émotions. Mes relations avec mes maitres et ma famille spirituelle. Mes rêves, qui en disent tant sur moi sans aucun filtre.
Je suis rassuré. Je suis toujours vivant. M’exprimer et écrire m’a fait vivre des émotions de toutes sortes mais ne m’a pas tué. Je me sens même plus libre, plus vibrant.
Une chose est sûre, vous pouvez compter sur les Loas pour ne pas vous laisser tranquille dans votre zone de confort. Pour aller chercher en vous les ressources les plus profondes.
Maintenant que je suis tout ouvert, prêt à dévoiler tous mes secrets de ma plus belle plume, voici que se présente le sujet du jour. Oshun. Le Loa de l’Amour. Cette guerrière dont la beauté n’a d’égale que la dangerosité.
C’est la douche glaciale. Je suis au pied du mur. Ogun ne me laissera jamais reculer. Et celle qui se présente devant moi est insurmontable. Cette fois c’est sûr, je vais mourir dans d’atroces souffrances.
Je pense à toutes les formes que prend Oshun. Elles sont partout autour de nous. Mais plus personne ne perçoit ce qui les anime.
Oshun est réduite à l’état d’esclave. Un objet inanimé. Un fétiche que l’on plie à la volonté pour assouvir des désirs microscopiques.
Une névrose indicible d’une violence sans nom. L’explosion cosmique de félicité et d’abondance qui caractérise ce Loa se résume à un pétard mouillé. La séparation entre la forme et ce qui l’anime est devenue colossale. Dans cette faille béante ne s’engouffre plus que manque, peur de l’abandon, et cannibalisme énergétique.
C’est l’héritage sociétal dans lequel je me sens empêtré. Mais pour illustrer ce constat, je préfère laisser la parole à une amie que j’ai accompagné pendant quelques temps. Voici son rêve :
« Une jeune fille tente de fuir un homme bizarre. Elle ne parvient pas à lui échapper et finit par abandonner. Elle s’assoit par terre, prostrée, tête baissée. Il fait nuit et elle tient dans ses mains une bougie avec une toute petite flamme. L’homme s’assied par terre face à elle. Il tient dans ses mains une longue chandelle avec une grande flamme qui “aspire”, vole et éteint la flamme de la jeune fille. Elle se retrouve plongée dans l’obscurité complète. »
Oshun est une guerrière. Cette amie est une guerrière, qui a osé se révolter de son objectification pour entreprendre le chemin de reconnexion avec sa vraie nature.
Le processus de guérison est chirurgical. Par la présence. La conscience. L’absence d’attente. La lenteur. La douceur. L’absence de peur. Le souffle. La reconnexion de toutes les parties du puzzle avec le cœur. L’instinct. La spontanéité. L’adoration.
Ces attaques de tendresse et d’amour font remonter à la surface tout ce qui a été refoulé. Tous ces traumas qui se sont accumulés. Toutes ces frustrations. Toutes ces stagnations qui se remettent en mouvement pour retourner dans l’espace. La carapace de souffrance se dissout pour révéler la perle de la nature originelle qui est beauté, abondance et puissance.
Je vous partage un nouveau rêve de cette amie suite à ce processus de reconnexion avec ce qui l’anime derrière les formes, son essence qui est là depuis toujours.
« Je donne un coup de pied dans la tête d’un homme qui est décapité sur le coup. La tête roule par terre jusqu’aux pieds d’un autre homme. Je m’attaque à d’autres hommes que je frappe à l’exception d’un qui est épargné. »
Oshun se réveille. Belle. Redoutable. La peur qu’elle inspire peut pousser à la voiler. A la soumettre. A la torturer. A l’ignorer. A tout faire pour étouffer sa puissance. Faire face à Oshun, c’est se faire décapiter de son mental assassin pour plonger dans la rivière de l’amour total.